Lanzarote : petite faune discrète

L’île de Lanzarote, du fait de son extrême aridité et de sa quasi absence de végétation, n’est que peu favorable à l’expression d’une faune diversifiée. Aussi, nos observations ont été réduites, d’autant plus que nous étions en février, période hivernale peu propice aux belles observations.

Contrairement à notre dernier séjour sur l’île voisine de Fuerteventura, nous n’avons observé que peu de reptiles, et d’une seule espèce, le lézard atlantique (Gallotia atlantica). La tarente Tarentola angustimentalis est restée invisible, sans doute à cause d’une météo très froide.

Le lézard atlantique est présent sur à peu près toute l’île, mais en populations très lâches et peu nombreuses. Malgré les innombrables murs présents dans les zones agricoles, nous n’y avons observé que très peu d’individus, les plus belles observations ayant été faites dans des secteurs à forte affluence touristique. Soit les animaux sont moins farouches et se laissent plus facilement approcher, soit ils profitent des différents déchets que laissent les touristes… La dernière solution est probablement la bonne, les plus belles observations ayant été faites autour de la poubelle des toilettes du fortin qui domine Teguise.

Les deux premières photos ont été prises au niveau de la pointe de Papagayo, vers Playa Blanca, qui offre de belles criques sablonneuses abritées des vents dominants. Le sable y est très clair et les individus observés étaient de morphe clair, ce qui leur permet d’être plus discrets dans le milieu. La photo en bas à gauche a été prise au sommet de l’atalaya de Femés, et concerne un individu qui pourrait être qualifié de morphe intermédiaire. Enfin, la photo en bas à droite concerne un individu de morphe sombre, pris non loin de la plaine de la Géria, dans un secteur de coulées volcaniques sombres. Ces individus ne se sont pas laissés approchés, étant de loin les plus farouches de tous. Ou alors leur substrat se réchauffe suffisamment du fait de sa couleur claire qu’ils atteignent plus rapidement que les autres une température suffisante pour se mouvoir rapidement. Rappelons que nous avons eu un temps très nuageux et froid… Cette hypothèse serait à vérifier par beau temps !

Une des particularités faunistique de Lanzarote est d’abriter une espèce de crabe (Munidopsis polymorpha), endémique d’un tube de lave, à Jameos del Agua. Il doit probablement s’agir d’un des cas d’endémisme de plus faible surface au sein du Paléarctique occidental… Un des volcans du nord de l’île, lors de l’une de ses éruptions, a produit une coulée tabulaire présentant des tubes de lave, dont un fait 7 km de long et s’enfonce sous le niveau de la mer. Avec le temps, certaines parties du plafond se sont effondrées, emprisonnant les quelques crabes qui y avaient trouvé refuge. L’évolution aidant, ces crabes se sont adaptés à leur environnement semi-cavernicole, en diminuant fortement leur taille et en perdant leur pigmentation. Avec pour résultat de petits crabes de maxi 2 cm de long, sans cesse en mouvement pour rechercher leur pitance. Petite anecdote pas si rigolote que ça : il y a quelques années, ces crabes ont failli disparaître à cause des pièces de monnaie jetées par les touristes dans la vasque abritant les bestioles et censées porter chance. Manque de bol, ça a plutôt joué en défaveur des crabes, l’eau de mer corrodant le métal des pièces et modifiant les conditions physico-chimiques de l’eau dans laquelle ils évoluent. Donc maintenant, de nombreux panneaux défendent de jeter quoi que ce soit dans l’eau…

Ces crabes sont vraiment minuscules, et en faire de bonnes photos relève de la gageure, entre la couche d’eau pour la difficulté de mise au point et l’exposition d’une bestiole blanche se déplaçant sur un fond noir… Sans parler des hordes de touristes balauds tout juste descendus de leurs cars, n’hésitant pas à bousculer le photographe à quatre pattes au bord de l’eau.

Sur la plage de Puerto del Carmen, nous sommes tombés sur un étonnant criquet fouisseur très mimétique, qui se la jouait « pélobate » pour s’abriter du vent. Sur la première photo, la patte gauche est en mouvement, repoussant le sable vers l’arrière, permettant ainsi à la bestiole de s’enterrer un peu… Etonnante adaptation au climat sans cesse venté de l’île !